Esprit brumé + associations d’idées = programme de la soirée
Au moins tout le monde sera surpris, le lecteur autant que l’auteur
Qu’une fois au moins j’en profite, c’est pas donné d’être spectateur…
Les enfants d’aujourd’hui ne se tiennent plus la main
Ils préfèrent se la couper…
D’ailleurs ils n’apprennent plus par cœur…
Ils refusent les oies ils n’ont plus de frontières,
Ils nagent dans l’éther de leur sombre lumière…
« 9+7-8 », demande le professeur
« mort à l’arithmétique, tout au moins son vecteur ! »
Ils se secouent le cerveau, évacuent leurs savoirs,
Inversent l’entonnoir par lequel on gavait,
Leurs idées se déversent comme un flot d’arrosoir…
Et c’est les dinosaures qui discutent de paix
Auprès du chef indien et son grand calumet
d’ailleurs les indiens n’avaient pas tous un « chef »
ils avaient une plume ou plusieurs, suivant que l’oiseau soit à pois ou à fleurs-
Et le programme d’histoire s’en va aux oubliettes…
Et puis on libèrera les savoirs trop gênants,
Qui se situent temporellement pas loin du 19ième siècle…
Il n’y aura pas de quartier, la tête de Thiers sera coupée
Les barricades seront élevées, et la Commune aura gagné…
« tiens c’est quoi la Commune ? on connaît pas ?!. »
C’est cette grande bataille perdue qui fût laminée dans sa chair
C’est le sang qui coulait les rues, c’est la mort qui frappait nos pairs
C’est un génocide d’anciens révolutionnaires, et un génocide de ceux et celles qui auraient pu l’être, en admettant qu’il était probable que ces gens soient amenés à rencontrer ces fameuses idées au sein du temps de la reconstruction…
C’est l’Epuration, la reconnaissance d’un système autoritaire ; c’est l’héritage donné à nos démocraties qui vous enseigne l’Histoire…
Mais la Commune n’existe plus, elle n’existe plus nulle part…
D’ailleurs,
Les tableaux ne sont plus noirs…
Reste-t-il encore des enfants, je parle de ceux qui se merveillent,
Je parle de celles qui s’émerveillent, et celles et ceux qui s’ensommeillent
Et qui n’ont pas à s’encombrer l’esprit du dictage des adultes…
N’en resterait-il pas au moins une ?
L’enfance c’est comme un papillon, ça batifole, ça cabriole,
Ça butine de fleurs en fleurs, ça brille de couleurs frivoles,
Et ça attire le regard, ça impressionne sur l’instant,
Ça fait des hauts, des bas, des tours, danse avec les rayons brillants,
Mais pourtant ça ne vit qu’un jour…
Je ne me rappelle pas du jour de mon enfance,
Je crois que j’étais en vacances,
Il y avait des roses séchées au dessus de mes yeux
Séchés par le soleil et s’entrouvraient un peu
Sur une brise océane soufflée par des heureux
Demi-dieux de Cocagne qui me soufflaient des vœux
- j’étais un émérite aviateur, un échelonné cambrioleur ou un passionné dormeur,
un truc avec des rimes en « eur », un sacrifié de la bonne heure
– Mes parents ont dû filmer ça…
Penser que le jour de mon enfance qui sonne comme quelque chose de magique
Est enfermé dorénavant dans la gueule d’une bande magnétique…
Charmants souvenirs analogiques…
Mais un chat est un chat, encore qu’il y a des fois
On les prend pour des chauves-souris,
Des rats. Des félins de félonie ou des ogres de barbarie…
Et ils ne retombent pas toujours sur leurs pattes,
Qu’ils soient manchots ou bien cul-de-jatte…
L’enfance ne rattrape pas le temps des grands,
C’est un décalage impromptu,
Les plaques tectoniques de l’âge
Se meuvent en souffle continu,
Qui respecte les distances…
On est toujours l’enfant de quelqu’un…
A l’opposé de l’adulte, qui n’est plus l’adulte de rien,
Et qui n’a d’autres solutions, pour garder son titre établi
D’enfermer dans la soumission les rires de l’insouciance admis.
Aux armes et à la réflexion
Aux larmes et au son du canon
Réappropriez-vous les rues, vous les enfants de l’inconnu
Réinventez nos compromissions,
Re-décorez nos pâles raisons,
A celle du moins fort, ou du moins impérieux
A celle du moindre effort et des tas langoureux
Dépassez les limites de la morale ambiante
Repoussez les termites de nos mémoires rampantes…
On leur apprend l’esprit critique par de pavloviennes intentions
On leur enseigne la mécanique des corps flottant en suspension
Dans l’étang de nos prétentions…
La vérité des enfants, c’est quand quelque chose qu’on a voulu transmettre s’est trouvée mal interprétée et en est sortie déformée.
C’est la pédagogie faillissante…
C’est une erreur de la culture…
Ou c’est une main sur la figure
Du possédé de l’imposture.
Ou bien des fusillés au mur servant de repère au futur.
L’enfant ne dit pas de vérités,
Sauf si elles sont imaginaires
Ou si elles traînent comme ça, par terre,
Entremêlées par la poussière…
Les vérités apparaissent, les experts trouvent la chose normale
C’est une drôle de coïncidence qu’elles viennent seulement à l’âge légal
Ou on est plus enfant
Des grands on fait parti, des gros et des obtus,
Qui sont dans un Parti, qui vendent en gros des caisses d’obus.
La guerre, ça c’est une vérité.
Avez-vous bien digérez ce fumeux principe de réalité ?..
Dans la pipe à opium, les vérités s’avalent…
Et en amont ils préparent la cavale et promettent aux enfants non méritants une jolie cavalcade.
L’enfant doit attendre l’âge majeur pour se revendiquer du désespoir
Avant il ne sait pas de quoi il s’agit, puisque tout lui est permis.
A 18 ans, ça souffrance sera prise en compte, et l’on pourra en parler
Et on soignera le symptôme car il ne s’accorde pas avec ce qu’exige notre société de rentabilité, de performance, de compétences et d’efficacité.
Sans même que ce soient ces valeurs à proprement écrites qui salissent l’intégrité de nos perceptions critiques.
Le serpent se mord la queue, d’ailleurs il fait peur aux enfants, cet être sinueux
Il passe du noir au blanc en déplacements soyeux
Il ne va pas où on l’attend…
Et c’est aux antipodes de ce qu’on leur apprend
A nos enfants…
Ayez peur, ayez peur d’eux, et vous ne nous suivrez que mieux !..
L’infanticide est en action, au moins par voie de transmission
Bien sûr cela prendra du temps, les adultes prennent les devants
Et les arrières ils vous les laisse,
La rétro-action de l’espèce,
A vos alternatives prouesses,
A vos autres réflexions,
A vos écoles de permissions.
La masse des enfants est à eux
qui seront adultes à leur tour
Et enseignerons aux enfants…
Un cercle vertueux ou un cercle vicieux, voilà le raisonnement.
Nous comptons sur vous les enfants,
Vous qui êtes passés dans les mailles de leurs filets
Avec la mélancolie gaie.
Nous comptons sur vous à défaut de compter nos sous,
Nous laissons ça aux adultes bien pensant et bien numéroteux
Avec leurs équations qui vous promettent l’avenir heureux.
Ils veulent vous tuer avant votre naissance dans l’esprit impétueux des choses décidantes
Ils vous veulent avec leurs réflexion, leurs façons d’envisager, d’appréhender, et de vivre leurs passions
C’est à dire n’en avoir pas,
Et de survivre sur le tas en priant la Sainte-Mère Consommation sur l’autel des « j’pose pas d’questions »…
Quelle éthique éducation…
Surtout ne rien changer,
Et bien penser à circuler
Quand il n’y a rien à voir…
C’est l’ nénuphar qui cache la mare
Puisqu’il n’y a plus d’arbre…
Il n’y a que des cahiers d’écoliers bien peignés qui se rangent en troupeaux devant le trait à la craie tracé indiquant leur emplacement spécifié normativement attribué…
« Classe de 4ième D, aux pied !!! »
- mais la 4ième D prime sur le hit de ce qu’il se fait comme 4ième,
et aurait du s’appeler 4ième A, ou 3ième E à la rigueur, sur la hiérarchie des meilleures…-
La forêt d’Amazonie a été sacrifiée pour la pédagogie institutionnalisée.
Manuel 37, page 154, chapitre 3, paragraphe 4 : Je cite :
« Essayer de penser par soi-même , signé : un grand intellectuel du XVIIIième, -citation mûrie à ses heures sombres - ».
Tans pis si vient l’époque de la pénombre,
Tans pis s’il n’y a plus d’oxygène,
Car les enfants restent les mêmes…
A la place qui leur a été choisie
Par les destructeurs d’Amazonie…
Et de bien d’autres bois aussi, le monde entier est en sursis…
Il n’y a plus que des clairières qui n’en sont plus
Cédant aux grandes étendues
Comme celles du savoir qu’on dispense
Autant peu profond que diffus…
Les enfants sont des têtards sous le nénuphar de la mare
En métamorphose connue…
L’enfance, tu ne l’as jamais eue
Et puis l’adultance non plus…
Tu n’a pas modifié ton apparence par une quelconque transcendance,
Tu es restée fidèle à toi-même, étrangère aux nasses à petites filles rebelles.
Tu t’es choisi des relations de tout âge et de toute maturité, et tu ne les a pas hiérarchisées sur le rang de la primauté…
Tu n’en est devenue que plus belle…
Puisse un jour te reconnaîtrai-je…
L’enfance est ainsi éphémère, il faut bien que jeunesse se passe
Et qu’on lui colle des noms d’oiseaux :
Môme, Petit et Chérubin,
Marmot, Gosse, Mioche et Gamin,
Marmouset, Morveux et Bambin,
Ces pervers polymorphes de Vienne ou de Lacanau
Qui s’analysent par pairs dans l’étroitesse de nos fantasmes.
Oh, bien sûr, les enfants peuvent pardonner
Mais ont du mal à accepter
Pourtant leur seuil de tolérance est d’habitude très élevé.
Il faut vraiment qu’ils se soient sentis insultés
Par une arrogance affichée,
Une ambition démesurée,
Un soucis de tout guider, tout contrôler, légiférer et commander
Réglementer, avaliser,
Tout prendre de la lettre, au pied
Tout entraîner aux prix d’une course folle dont seuls les dominés n’en sentent pas la nécessité…
C’est les sages qui guident l’aveugle s’harangueraient les paraboles…
Mais c’est le propre des dominés,
Ils ne le sont jamais pour rien,
Autant dire que ça leur convient,
Et les enfants le savent bien…
Monde adulte, dorénavantUn magnifique jardin en fleurs aux larges des côtes d’Airain
Peut faire respirer le bonheur mais jamais comme il en convient…