retour accueil sam
L’INCENDIE…



« C’est fini, 1, 2, 3, nous n’irons plus au bois
Il ne reste que les cendres de ce grand incendie
Et le loup qui restait bien tapis aux abois
N’est devenu ma foi qu’un tapis bien roussi. »
(Comptine populaire chantée par les petites filles de notre temps.)

Nous avons tout brûlé pour chasser le fléau
Au cœur du grand problème, à l’endroit où il faut
Nous avons pris le mal…
A la racine.
On ne peut plus séparer, les contours sont trop flous
Les victimes des bourreaux, les anges des dévots
Il faut éradiquer en masses infinies
On ne peut plus séparer, la limite est finie
On ne peut plus séparer les morts des nouveau-nés
On ne peut plus séparer, on peut encore trancher.

Repartons à zéro, nous qui sommes 50 000
Il y en a pour nous tous, la Terre a ses ressources
Et nous prendrons bien soin, en parcimonie vile
De nous les répartir et de remplir nos bourses
Nous qui sommes 50 000, nous qui avons tranché
Nous avons maintenant le droit de disposer
Nous qui avons rendu la Terre bien plus belle
Nous qui serons cités dans tous les manuels
La culpabilité, nous irons la brûler
Et par-dessus ses cendres mangerons à satiété…

Nous avons tout brûlé, et avec leurs maisons,
Nous avons même brûlé nos rêves de pardon
D’ailleurs, il n’existe plus,
Ne pouvant que se vivre dans le miroir des gens.
Et nous avons fait fuir les regards des enfants…

Nous, nous sommes les survivants.
Nous avons déjoué les pièges de leurs flammes,
Avons pu respirer dans l’asphyxie du drame.
Nous avons tout perdu, nos proches et nos biens
Excepté la conscience de nous croire vaincus
Nous sommes les inconnus, et nous le savons bien
Que l’histoire s’est toujours bouleversée par nos mains.
Et nous prenons acte,
Dans la clarté des évènements,
Qu’il nous va forcément falloir choisir un camp.
Car la limite est claire, et les contours distincts
Nous sommes les victimes, et eux les assassins…

Nous hisserons bien droite la Civilisation sur le parvis de la Nation
Chacun balayera la critique pour la mettre sous son paillasson.
Notre Organisation pour rebâtir la Terre
Ne saurait s’affranchir du rôle des frontières
Il nous faut des Pays, pour ceux qui ont tranché
Il nous faut des Pays pour créer un marché
Et recréer des pauvres pour pouvoir consommer
Et ce bien encadré.
Nous ne retomberons pas dans les mêmes erreurs
Nous sommes Ici les Rois de l’espace et de l’heure
Nous sommes Ici les Rois, et nous n’avons plus peur…

Nous sommes dispersés, mais nous nous retrouvons
Et petit à petit nous nous organisons
Pour que personne jamais nous tendent le bâton.
Nous sommes maîtres en nos lieux, et nous rageons de noir
Et petit à petit imaginons l’espoir
De renverser
La vapeur
De nos idées…

Nous avons tout brûlé, pour le Bien de la Cause
Et les oiseaux n’ont plus de branche où se poser
Mais que sont les oiseaux, que la question se pose,
Ils sont si peu de chose pour pouvoir nous juger…
Nous avons bousculé les barrières du monde
Oui l’acte était énorme, nous n’en sommes pas surpris
Il est à la mesure de nos peines fécondes
Lorsque nous tremblions qu’ils reprennent leurs vies.
Nous, nous sommes les fiers, d’avoir un jour porté
Le poids lourd de nos chères responsabilités.
Si demain un enfant de nos sangs s’interroge
Sur le bilan des grands et aux vues de la somme
S’en prend à inquiéter ce qui est notre élan
Nous le ferons donc taire, et cela bien avant
Nous le ferons donc taire, cela est arrêté,
Car que sont les enfants, que la question se pose,
Ils sont si peu de chose pour pouvoir nous juger…

Et nous retrouvons le goût de plaire, à rencontrer Demain
A mûrir notre Hier, à effleurer les mains
Alors les doigts se serrent contre nos cœurs si bien
Qu’on redécouvre alors que nous avons des poings.

« C’est fini, 4, 5, 6, nous irons en cohorte
Rencontrer l’écureuil sur l’arbre calciné
Après avoir dansé, là nous serons plus fortes
La forêt n’est pas morte, je l’entends chuchoter. »

« C’est fini, 7, 8, 9, nous rentrons chez nos pairs
L’incendie qui s’étend à bien tout embrasé
Il va fertiliser avec nos corps la terre
Et les serres des oiseaux seront de nos côtés. »



Retour à "TeXteS"



www.Alternartiste.net | Accueil | Textes | Musik | Liens | Contact | www.Edo-com.com